Книга: Французский с Антуаном де Сент-Экзюпери. Ночной полет / Antoine de Saint-Exupery. Vol de nuit
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Глава XVII

Un des radiotélégraphistes de Commodoro Rivadavia, escale de Patagonie (один из радиотелеграфистов Комодоро-Ривадавии, аэродрома Патагонии), fit un geste brusque (сделал резкий взмах рукой; geste, m – жест, движение; взмах рукой), et tous ceux qui veillaient, impuissants, dans le poste (и все те, кто дежурил, бессильные, на станции), se ramassèrent autour de cet homme, et se penchèrent (собрались и склонились вокруг этого человека: «собрались вокруг этого человека и наклонились»).

Un des radiotélégraphistes de Commodoro Rivadavia, escale de Patagonie, fit un geste brusque, et tous ceux qui veillaient, impuissants, dans le poste, se ramassèrent autour de cet homme, et se penchèrent.

Ils se penchaient sur un papier vierge et durement éclairé (они склонились над чистой, жестко освещенной = освещенной жестким светом бумагой; vierge – девственный; нетронутый; не бывший в употреблении). La main de l’opérateur hésitait encore (рука оператора еще колебалась), et le crayon se balançait (и карандаш покачивался). La main de l’opérateur tenait encore les lettres prisonnières (рука оператора еще удерживала буквы-пленники; tenir; lettre, f – буква; prisonnier – арестованный, заключенный), mais déjà les doigts tremblaient (но пальцы уже дрожали).

– Orages (грозы)?

Le radio fit «oui» de la tête (радист кивнул в знак согласия: «сделал «да» головой»). Leur grésillement l’empêchait de comprendre (их потрескивание мешало ему понимать).

Ils se penchaient sur un papier vierge et durement éclairé. La main de l’opérateur hésitait encore, et le crayon se balançait. La main de l’opérateur tenait encore les lettres prisonnières, mais déjà les doigts tremblaient.

– Orages?

Le radio fit «oui» de la tête. Leur grésillement l’empêchait de comprendre.

Puis il nota quelques signes indéchiffrables (затем он набросал несколько неразборчивых знаков; noter – отмечать; записывать). Puis des mots (потом слов; mot, m). Puis on put rétablir le texte (после этого можно было восстановить текст):

«Bloqués à trois mille huit au-dessus de la tempête (застряли: «блокированы» на /высоте/ три тысячи восемь /метров/ над бурей). Naviguons plein Ouest vers l’intérieur (летим прямо на запад, вглубь; intérieur, m – внутренность, внутренняя часть), car étions dérivés en mer (так как были отброшены к морю; dériver – относить /течением, ветром/). Au-dessous de nous tout est bouché (под нами сплошная облачность: «все закрыто»; boucher – затыкать, заделывать; закупоривать; когда речь идет об атмосферных явлениях – покрывать; затемнять; temps bouché, m – пасмурная погода). Nous ignorons si survolons toujours la mer (мы не знаем, летим ли до сих пор над морем; survoler – перелетать, летать над…). Communiquez si tempête s’étend à l’intérieur (сообщите, охватывает ли буря внутреннюю часть; s’étendre – вытягиваться; s’étendre à – распространяться на…; охватывать)

Puis il nota quelques signes indéchiffrables. Puis des mots. Puis on put rétablir le texte:

«Bloqués à trois mille huit au-dessus de la tempête. Naviguons plein Ouest vers l’intérieur, car étions dérivés en mer. Au-dessous de nous tout est bouché. Nous ignorons si survolons toujours la mer. Communiquez si tempête s’étend à l’intérieur.»

On dut, à cause des orages (пришлось из-за гроз), pour transmettre ce télégramme à Buenos Aires, faire la chaîne de poste en poste (передавать эту телеграмму по цепочке, от станции к станции, чтобы она достигла Буэнос-Айреса: «чтобы передать эту телеграмму в Буэнос-Айрес, делать цепочку от станции к станции»). Le message avançait dans la nuit, comme un feu qu’on allume de tour en tour (весть продвигалась в ночи, словно огонь, который зажигают от вышки к вышке; tour, f – башня; вышка).

On dut, à cause des orages, pour transmettre ce télégramme à Buenos Aires, faire la chaîne de poste en poste. Le message avançait dans la nuit, comme un feu qu’on allume de tour en tour.

Buenos Aires fit répondre (Буэнос-Айрес велел ответить):

– Tempête générale à l’intérieur (во внутренней части /материка/ повсюду буря: «повсеместная буря во внутренней части»; général – общий, всеобщий, повсеместный). Combien vous reste-t-il d’essence (сколько у вас осталось бензина; essence, f)?

– Une demi-heure (/на/ полчаса).

Et cette phrase, de veilleur en veilleur (и эта фраза от дежурного к дежурному), remonta jusqu’à Buenos Aires (дошла: «поднялась» до Буэнос-Айреса).

L’équipage était condamné à s’enfoncer (экипаж был обречен увязнуть), avant trente minutes (не пройдет и тридцати минут: «раньше тридцати минут»), dans un cyclone qui le drosserait jusqu’au sol (в циклоне, который отнесет его к земле; drosser – сносить, относить /течением, ветром/).

Buenos Aires fit répondre:

– Tempête générale à l’intérieur. Combien vous reste-t-il d’essence?

– Une demi-heure.

Et cette phrase, de veilleur en veilleur, remonta jusqu’à Buenos Aires.

L’équipage était condamné à s’enfoncer, avant trente minutes, dans un cyclone qui le drosserait jusqu’au sol.

Глава XVIII

Et Rivière médite (а Ривьер размышляет). Il ne conserve plus d’espoir (он не хранит больше надежду = у него не осталось больше надежды; espoir, m): cet équipage sombrera quelque part dans la nuit (этот экипаж погибнет где-то в ночи; sombrer – тонуть, идти ко дну; погибнуть, рухнуть).

Rivière se souvient d’une vision qui avait frappé son enfance (Ривьер вспоминает о зрелище, которое поразило его в детстве: «поразило его детство»): on vidait un étang pour trouver un corps (опорожняли пруд, чтобы найти тело). On ne trouvera rien non plus (они тоже ничего не найдут) avant que cette masse d’ombre se soit écoulée de sur la terre (прежде чем эта темная масса не схлынет: «не стечет» с земли; s’écouler – вытекать), avant que remontent au jour ces sables, ces plaines, ces blés (прежде чем не поднимутся на поверхность эти пески, эти равнины, эти хлеба: «зерновые»; remonter au jour – поднимать/ся/ на поверхность; sable, m – песок; blé, m – зерновой хлеб; зерно; blé, m, pl – зерновые). De simples paysans découvriront peut-être deux enfants au coude plié sur le visage, et paraissant dormir (простые крестьяне найдут, может быть, двух детей, которые, кажется, спят, заслонив лица локтями: «найдут детей с локтями, согнутыми на лице, и кажущихся спящими»; coude, m – локоть), échoués sur l’herbe et l’or d’un fond paisible (выброшенные на траву и золото мирной земли; s’échouer – сесть на мель, выброситься на берег; herbe, f – трава; fond, m – почва, грунт). Mais la nuit les aura noyés (но ночь их /уже/ потопила).

Et Rivière médite. Il ne conserve plus d’espoir: cet équipage sombrera quelque part dans la nuit.

Rivière se souvient d’une vision qui avait frappé son enfance: on vidait un étang pour trouver un corps. On ne trouvera rien non plus, avant que cette masse d’ombre se soit écoulée de sur la terre, avant que remontent au jour ces sables, ces plaines, ces blés. De simples paysans découvriront peut-être deux enfants au coude plié sur le visage, et paraissant dormir, échoués sur l’herbe et l’or d’un fond paisible. Mais la nuit les aura noyés.

Rivière pense aux trésors ensevelis dans les profondeurs de la nuit (Ривьер думает о сокровищах, погребенных в глубинах ночи; trésor, m) comme dans les mers fabuleuses (как в сказочных морях)… Ces pommiers de nuit qui attendent le jour avec toutes leurs fleurs (эти ночные яблони, которые ждут дня = рассвета со всеми своими цветами; pommier, m – яблоня; fleur, f), des fleurs qui ne servent pas encore (цветами, которые пока ничему не служат; servir – служить; приносить пользу). La nuit est riche (ночь великолепна / роскошна), pleine de parfums (полна ароматов / благоуханий; parfum, m), d’agneaux endormis (спящих ягнят; agneau, m – ягненок; s’endormir – засыпать) et de fleurs qui n’ont pas encore de couleurs (и цветов, которые пока не имеют = лишены красок; couleur, f – цвет, окраска).

Rivière pense aux trésors ensevelis dans les profondeurs de la nuit comme dans les mers fabuleuses… Ces pommiers de nuit qui attendent le jour avec toutes leurs fleurs, des fleurs qui ne servent pas encore. La nuit est riche, pleine de parfums, d’agneaux endormis et de fleurs qui n’ont pas encore de couleurs.

Peu à peu monteront vers le jour les sillons gras (постепенно поднимутся навстречу дню тучные нивы; sillon, m – борозда; sillon, m, pl – нивы, поля; gras – жирный, тучный, плодородный, обильный), les bois mouillés (влажные леса; bois, m), les luzernes fraîches (свежие люцерны; luzerne, f). Mais parmi des collines, maintenant inoffensives (но среди холмов, ныне безобидных), et les prairies (и лугов; prairie, f), et les agneaux (и ягнят; agneau, m), dans la sagesse du monde (в благоразумии мира; sagesse, f – мудрость; благоразумие), deux enfants sembleront dormir (двое детей будут казаться спящими). Et quelque chose aura coulé du monde visible dans l’autre (и что-то /уже/ перетечет из видимого мира в иной /мир/).

Peu à peu monteront vers le jour les sillons gras, les bois mouillés, les luzernes fraîches. Mais parmi des collines, maintenant inoffensives, et les prairies, et les agneaux, dans la sagesse du monde, deux enfants sembleront dormir. Et quelque chose aura coulé du monde visible dans l’autre.

Rivière connaît la femme de Fabien inquiète et tendre (Ривьер знает жену Фабьена, беспокойную и ласковую): cet amour à peine lui fut prêté (эту любовь ей лишь одолжили /на время/: «эта любовь едва была одолжена ей»), comme un jouet à un enfant pauvre (как игрушку бедному ребенку).

Rivière pense à la main de Fabien (Ривьер думает о руке Фабьена), qui tient pour quelques minutes encore sa destinée dans les commandes (которая удерживает еще несколько минут его судьбу на рычагах управления; tenir). Cette main qui a caressé (та рука, которая ласкала). Cette main qui s’est posée sur une poitrine et y a levé le tumulte (та рука, которая легла на грудь и подняла = вызвала там смятение), comme une main divine (словно божественная рука). Cette main qui s’est posée sur un visage (та рука, которая легла на лицо) et qui a changé ce visage (и изменила это лицо). Cette main qui était miraculeuse (та рука, которая была чудотворной).

Rivière connaît la femme de Fabien inquiète et tendre: cet amour à peine lui fut prêté, comme un jouet à un enfant pauvre.

Rivière pense à la main de Fabien, qui tient pour quelques minutes encore sa destinée dans les commandes. Cette main qui a caressé. Cette main qui s’est posée sur une poitrine et y a levé le tumulte, comme une main divine. Cette main qui s’est posée sur un visage et qui a changé ce visage. Cette main qui était miraculeuse.

Fabien erre sur la splendeur d’une mer de nuages, la nuit (Фабьен блуждает ночью над великолепием моря из облаков), mais, plus bas, c’est l’éternité (но ниже – вечность; éternité, f). Il est perdu parmi des constellations qu’il habite seul (он затерян среди созвездий, где живет он один; constellation, f). Il tient encore le monde dans les mains (он еще держит мир в руках) et contre sa poitrine le balance (и качает его у своей груди). Il serre dans son volant le poids de la richesse humaine (он сжимает в своем штурвале груз человеческого богатства), et promène, désespéré (и носит с собой, отчаявшийся = в отчаянии), d’une étoile à l’autre (от одной звезды к другой), l’inutile trésor, qu’il faudra bien rendre (бесполезное сокровище, которое необходимо будет отдать)

Fabien erre sur la splendeur d’une mer de nuages, la nuit, mais, plus bas, c’est l’éternité. Il est perdu parmi des constellations qu’il habite seul. Il tient encore le monde dans les mains et contre sa poitrine le balance. Il serre dans son volant le poids de la richesse humaine, et promène, désespéré, d’une étoile à l’autre, l’inutile trésor, qu’il faudra bien rendre…

Rivière pense qu’un poste radio l’écoute encore (Ривьер думает, что радиостанция еще слышит его). Seule relie encore Fabien au monde une onde musicale (/лишь/ одна музыкальная волна соединяет еще Фабьена с миром), une modulation mineure (минорная модуляция). Pas une plainte (не жалоба). Pas un cri (не крик). Mais le son le plus pur qu’ait jamais formé le désespoir (но самый чистый звук, который когда-либо создавало = порождало отчаяние).

Rivière pense qu’un poste radio l’écoute encore. Seule relie encore Fabien au monde une onde musicale, une modulation mineure. Pas une plainte. Pas un cri. Mais le son le plus pur qu’ait jamais formé le désespoir.

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